FAIRE PLUS POUR CEUX QUI ONT MOINS Emploi, culture, éducation : rétablir l’égalité des chances grâce à la Politique de la Ville

Weyland & Cie participe à des réalisations de courts-métrages avec la Sauvegarde 95 grâce aux Quartiers Solidaires Jeunes, ou des ateliers d’improvisation et de loisirs créatifs dans le cadre de Ville Vie Vacances (VVV). Ces projets s’inscrivent dans un projet bien plus large : la Politique de la Ville. Interview avec Christine Erard, chargée de mission Politique de la ville et cheffe de projet TZCLD à la mairie de Cergy, afin d’éclairer cette question.

Qu’est-ce que la Politique de la Ville ?

C’est un choix politique d’Etat mené pour apporter des moyens supplémentaires dans les quartiers les plus défavorisés, de façon à rétablir une certaine égalité des chances. Pour cela différents dispositifs sont mis en place : le Contrat de ville (CV), les VVV (Ville Vie Vacances), le Programme de réussite éducative (PRE), l’abattement de TFPB pour les bailleurs en quartiers prioritaires Pour chacun de ces dispositifs, il y a une diversité d’actions menées, pour tenter de ramener l’égalité des chances dans tous les domaines (éducation, santé, culture, cadre de vie, emploi…).

Vous êtes la cheffe du projet Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD) de Cergy, pouvez-vous nous l’expliquer ?

Le projet a été initié en 2019 et concerne les habitants des quartiers politiques de la ville (QPV) de Cergy, qui représentent un peu plus de dix mille habitants. A ce titre, il est financé par le dispositif Contrat de ville. Les trois fondamentaux de TZCLD :
- Nul n’est inemployable pourvu que l’emploi soit adapté ;
- Ce n’est pas le travail qui manque mais les emplois ;
- Ce n’est pas l’argent qui manque puisque le coût du chômage de longue durée représente environ 43 milliards d’euros par an.
Pourquoi, dès lors, ne pas utiliser cet argent pour financer des emplois supplémentaires plutôt que du chômage ? Dans chaque territoire, l’expérimentation y est adaptée : les activités doivent répondre à des besoins locaux non satisfaits.
Les emplois - développés par des entreprises à but d’emploi créées - relèvent de trois grandes familles : la conciergerie (service aux habitants), l’économie circulaire (recyclerie) et les activités vertes (entretien, maraîchage). Il y a également des associations qui interviennent dans ce projet pour accompagner les personnes privées durablement d’emploi.

Qui intervient ?

Il y a évidemment des acteurs incontournables comme Pôle Emploi, la Préfecture et le Conseil Départemental (qui gère le RSA), mais tous les acteurs peuvent apporter quelque chose et la porte est toujours ouverte s’ils veulent participer. Il n’y a pas besoin d’être spécialisé dans l’insertion : ils travaillent sur le territoire donc ils le connaissent, ils savent ce dont il y a besoin.

De plus, retrouver un emploi ne passe pas seulement par effectuer une tâche rémunérée mais aussi par la confiance en soi et le savoir être ; c’est difficile de travailler si on n’est pas à l’aise. C’est l’accompagnement qu’a proposé Weyland & Cie par ses ateliers, avec des échanges, des réflexions et des jeux de rôles pour se projeter dans la situation d’activité préparée, pour que les gens aient confiance en leurs capacités et que tout se passe au mieux.

Vous avez mentionné le Contrat de ville plus tôt, pourriez-vous nous le définir ?

C’est un dispositif qui a démarré en 2015 à l’échelle de l’agglomération avec un travail de diagnostic sur les quartiers politique de la ville (QPV) de façon à fixer les enjeux et les objectifs à poursuivre dans les années suivantes. Les enjeux peuvent être différents d’une agglomération à une autre. Pour tous les Contrats de ville, ils sont établis selon trois piliers : la cohésion sociale, le cadre de vie, le développement économique et l’emploi. Tous les projets mis en place ont pour but de répondre aux objectifs fixés en 2015 dans ce contrat signé entre l’État, la CACP et les 7 communes concernées, le Conseil Départemental, les chambres consulaires, les bailleurs et d’autres acteurs comme Pôle emploi, l’Agence régionale de santé, l’Education nationale, etc. Aujourd’hui l’évaluation finale est en cours, nous analysons les actions menées et l’évolution des données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) pour mesurer les évolutions positives pour les habitants et identifier les améliorations à apporter.

Pouvez-vous nous parler des autres dispositifs de la Politique de la Ville ?

Tous les ans un appel à projets pour chaque dispositif est lancé par la Préfecture : les collectivités et les associations peuvent alors proposer leurs projets, qui doivent répondre à certaines thématiques (cohésion sociale, développement économique, etc.). L’année 2021, en quelques chiffres, c’est 16 projets qui ont été financés par le Contrat de ville, le Programme de réussite éducative et 49 projets déposés dont 33 financés dans le cadre des VVV, en plus des dispositifs exceptionnels mis en place en raison de la crise sanitaire (quartiers d’été, quartiers d’automne, quartiers solidaires).
A Cergy, les projets de VVV sont déposés uniquement par des associations et ils permettent de créer du lien entre les jeunes, mais aussi de leur donner accès à une pratique éducative ludique culturelle ou sportive par exemple.
Sur le territoire cergyssois, on essaie de mettre en relation les différents porteurs de projets politique de la ville afin de créer une synergie entre leurs interventions, ils se complètent car ils travaillent avec les mêmes publics tout en leur apportant des choses différentes. C’est le cas entre Weyland & Cie et La Sauvegarde 95 qui ont déjà monté des projets courts métrages ensemble par exemple.

Propos recueillis par Camille Fleury