LA NEWSLETTER DE WEYLAND & COMPAGNIE / N°13 / Juin 2024
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L’expérience Territoire Zéro Chômeur Longue Durée : « Une œuvre collective de solidarité »
Interview du futur directeur de l’Entreprise à But d’Emploi de Cergy, Philippe-Didier Gauthier, convaincu de l’utilité sociale et émancipatrice du projet qui se concrétise en juin 2024.
Qu’est-ce que l’Entreprise à But d’Emploi et qui sont les personnes concernées par le dispositif ?
L’Entreprise à But d’Emploi (EBE) est une association d’intérêt général de l’Économie Sociale et Solidaire, ancrée au cœur du quartier de l’Axe Majeur Horloge à Cergy. L’association se situe dans le bâtiment de la Lanterne.
Il s’agit d’établir des activités d’économie circulaire dédiées aux habitants, aux bailleurs sociaux, aux commerçants et aux entreprises du territoire. Toutes les activités créatrices de nouveaux emplois (entre 80 et 120) répondent à des besoins d’utilité territoriale et sous contrôle d’un comité local pour l’emploi. Elles sont diverses : réparation d’électroménager, friperie et création de mode, sécurisation des points écoles, visites de courtoisie, livraison de paniers bio à domicile, gestion de chantiers de biodiversité, conserverie artisanale, soutien aux gardiens des résidences…
Les salariés sont des personnes durablement privées d’emploi issues du quartier. L’expérience d’un Territoire Zéro Chômeur Longue Durée est avant tout une œuvre collective de solidarité et d’utilité, à la fois nationale et locale ! A Cergy, près de 200 partenaires participent à l’expérimentation.
Quel est votre parcours professionnel, comment avez-vous intégré ce poste ?
En 1978, j’ai quitté le lycée pour travailler en pépinières. J’ai ainsi développé mes compétences de technicien horticole dans plusieurs exploitations en France et en Allemagne. Au bout de dix ans j’ai rejoint des sites industriels et un réseau d’ateliers de l’Association départementale de parents et d'amis des personnes handicapées mentales, comme responsable qualité.
Appelé comme formateur au Conservatoire National des Arts et Métiers et dans plusieurs universités, j’ai par la suite développé une expertise en formation hybride présentiel-distanciel et commencé à pratiquer la démarche portfolio, portefeuille de compétences et réalisations personnelles. La recherche sur cette pratique et les usages du portfolio en milieu de travail ont été mon sujet de thèse et mon moteur existentiel durant vingt ans.
Dans cette logique, j’ai rejoint le projet Territoire Zéro Chômeur Longue Durée pour contribuer à la reconnaissance sociale et émancipatrice des compétences singulières des personnes, en particulier celles issues de la privation durable d’emploi (comprendre ici : qui subissent la discrimination sur le marché du travail) !
Quel type de direction souhaitez-vous ?
L’EBE est un type d’entreprise qui défie toutes les représentations managériales classiques : on ne choisit ni les activités, ni les salariés, ni une partie des ressources. Il s’agit d’assurer le rôle de chef d’orchestre et tenter de coordonner au mieux toutes les ressources (matérielles, financières, partenariales…) et donner au travail la place qu’il doit prendre dans la vie de nos salariés, qui en ont été privés pendant plusieurs années.
L’enjeu majeur de notre équipe de direction : construire progressivement un collectif de travail « apprenant » pour nos salariés dans un cadre responsabilisant, exigeant mais sécurisant, bienveillant et reconnaissant, vecteur d’émancipation pour les personnes et d’utilité territoriale pour les clients et partenaires. Un défi, une équation à dix mille variables et beaucoup d’inconnues !
Alyssande Dauriac et Lisa Nicolas
Weyland et Compagnie participe depuis près de 3 ans aux ateliers concernant les futurs salariés de l’EBE. Il s’agit par des jeux, des mises en situation, de contribuer à renforcer l’estime de soi, les capacités de communication orale et l’employabilité. Nous sommes très heureux que l’expérimentation débouche enfin sur la création de l’entreprise !
LE FANTASTIQUE 11ème Festival TOUT PUBLIC à l’Antarès (Vauréal)
Nous proposons notre 11e Festival de spectacles essentiellement jeune public, composé cette fois-ci d’une partie scolaire les 15, 17 et 18 octobre et d’une autre pour… tout public les 18 au soir et 23 octobre
Nous proposons notre 11e Festival de spectacles essentiellement jeune public, composé cette fois-ci d’une partie scolaire les 15, 17 et 18 octobre et d’une autre pour… tout public les 18 au soir et 23 octobre.
Pour le programme scolaire, c'est ici
Pour le programme tout public, c'est ici
A noter :
- une création : Canari, de Marie-Claude Hallouin avec Laurent Oliviero et Laurent Ciavatti. Plus exactement une recréation, le spectacle ayant déjà été joué par une autre distribution il y a des années (mercredi 23 octobre à 18h, à partir de 8 ans)
- Un melting potes d’improvisation avec des membres de Contes sur Nous, de Constellations Ephémères, des Toqués du Conte et d’Improvista ! Ils vont improviser dans une ambiance cabaret (vendredi 18 octobre à 20h30, tout public)
- Une création 2023 : Harceler c’est pas jouer, suivi d’un échange. Ce spectacle ludique fait participer les enfants et les jeunes à un quizz, prétexte à la mise à jour de situations problématiques trop souvent vécues (jeudi 17 octobre à 14h30, à partir de 5 ans)
« L’égalité, c’est avoir tous la même chose »
Dans le cadre du projet Contrat de Ville soutenu par la Préfecture du Val d’Oise et la ville de Cergy, nous avons pu appréhender la question de l’égalité d’accès à la culture et à l’art sur le quartier Axe-Majeur-Horloge. Notre projet « Tous égaux face à l’art » mobilisait un public intergénérationnel : grande section de L’Escapade, CE2-CM1 de la Sébille, collégiens de La Ruche et séniors de la Bastide. Nous leur avons proposé une série d’ateliers.
Le premier atelier constituait à utiliser la méthode dite du « photolangage » : utiliser des photographies comme support pour interagir et discuter.
Le photo-langage, un prétexte aux échanges
La dizaine de résidents de la Bastille avaient chacun choisi une photo parmi celles proposées et devaient s’en expliquer. Certains commentaient les photos, poursuivaient avec des anecdotes… Un résident a trouvé intéressant que chacun puisse s’exprimer, « parce que la plupart des personnes n'en ont pas eu l’occasion dans leur vie professionnelle ». Cet échange a dévié sur la musique et une séance d’écoute : plusieurs participants ont proposé des morceaux qu’ils aimaient.
Les CM1 de la Sébille avaient choisi des photos de monuments de leur quartier. Plusieurs d’entre eux ont choisi la Grande Horloge parce qu’ils passent devant en allant à la bibliothèque. Les maternelles ont plutôt choisi des photographies esthétiques : une enfant a présenté la photographie d’un concert à la bougie car cela est « un tout petit peu beau ». Les collégiens de la Ruche quant à eux ont débattu autour de l’architecture et de sa place dans l’art : selon certains d’entre eux, les douze colonnes ne seraient pas de l’art. Ils ont ensuite discuté de la Joconde et de son énigmatique regard…
(Re)trouver son âme d’enfant
Le deuxième atelier était un atelier de création artistique. Nous avons fourni le même matériel à tous les participants, afin de respecter le principe d’égalité !
L’atelier à la Bastide a permis aux résidents de retrouver un peu leur « âme d’enfant », comme l’a dit l’un des participants. L’un d’eux nous a confié trouver intéressante la thématique de l’égalité face à l’art : « C’est une belle vue, ça invite à l’humilité. Je pense à l’expression “Mon voisin est un artiste” : ça veut dire que je suis l’égal au maximum de mon voisin. »
L’élaboration des œuvres des maternelles s’est beaucoup portée sur le mélange des couleurs, ils se sont amusés avec les différentes peintures pour voir ce que cela créait. Les CE2-CM1 quant à eux ont imaginé des mondes parallèles autour des monuments de Cergy-Pontoise, comme un terrain de foot au-dessus des 12 colonnes ou bien une proposition de décoration du bâtiment du Douze, très colorée... Ils ont utilisé beaucoup de paillettes !
Des formes et des montres molles
Le dernier atelier a permis aux maternelles et primaires d’expliquer leurs œuvres.
L’échange avec les maternelles s’est porté sur les couleurs qu’ils ont utilisées, les formes, ainsi que sur la manière de peindre. L’un d’eux avait dessiné un monsieur en fauteuil roulant dans les escaliers des 12 colonnes et nous a expliqué que c’était en fait son grand-père. Beaucoup se sont représentés eux-mêmes avec leurs familles, certains ont dessiné des personnages de dessin animé…
Ce fut l’occasion d’introduire les notions de réalisme et d’art abstrait, et de les lier à leur travail : nous avons échangé autour de plusieurs peintures de Dali, notamment « Les montres molles ».
Dansons sur la Java bleue !
Ce projet s’est conclu par l’exposition de toutes ces représentations au sein de la résidence Bastide, ce qui a permis aux enfants d’expliquer aux seniors ce qu’ils avaient fait et pourquoi. Tous les participants étaient fiers !
Ils ont ensuite assisté à un spectacle de clown de Weyland et Compagnie, « Le Bel âge » : l’histoire d’amour d’un couple, de la rencontre en passant par le premier enfant et les disputes. Les spectateurs étaient très enthousiastes, d’autant plus lorsque les comédiens ont invité plusieurs d’entre eux, enfants et résidents, à danser sur La Java Bleue… !
La notion d’égalité avait été définie en amont par les élèves de CE2-CM1 qui ont dit des choses fortes comme : « L’égalité, c’est avoir tous la même chose » et « être soi-même ».
Le projet a contribué à la prise de conscience chez les participants de la question de l’égalité face à l’art, et surtout de la proximité de l’art pour tous : à Cergy, il y a de nombreux monuments, plusieurs lieux culturels… Nous espérons que les participants en ont découvert certains, et, surtout, qu’ils auront envie de s’y rendre !
Alyssande Dauriac, Noémie Decatoire, Lisa Nicolas et Jean-Pierre Weyland