Deux chaises, Deux femmes...

Interview d’Adeline Hecker, comédienne amatrice dans la Nostalgie des Blattes de Pierre Notte, en trio avec Valérie Tessier et François Vallet-Tessier (musicien). Mise en scène par Jean-Pierre Weyland assistée d’Hélène Castejon. « C’est l’histoire de deux vieilles qui attendent... » Mais… Pourquoi des blattes… ?

Pourrais-tu me présenter le projet en quelques mots ?

La Nostalgie des Blattes est une création issue d'une retrouvaille entre Valérie et Jean-Pierre. L’idée vient de Valérie qui a découvert ce texte et avait envie de jouer un duo. Nous avons commencé il y a maintenant 2 ans et la première représentation a eu lieu en octobre 2020.
C'est une dystopie - récit de fiction qui décrit un monde utopique sombre : l'histoire de deux vieilles qui attendent. Ayant chacune leur histoire personnelle, elles parviennent toutefois à se trouver des points communs, dont celui de se battre contre des injonctions de la nouvelle société dans laquelle elles évoluent. Elles ont en effet partagé le même monde qu’elles ont toute les deux vues changer.
Ce qui est intéressant, c'est qu’au cours de la création est arrivée la pandémie avec ses brigades sanitaires qu'on côtoyait déjà dans la pièce depuis un an. Ça a pris plus de sens encore qu'au départ, à la première lecture de la pièce. Cela résonnait avec le présent ! En espérant que le futur ne soit pas comme il est décrit dans la pièce...

Comment êtes-vous arrivée dans cette aventure ?

J’y suis arrivée par l'intermédiaire de Jean-Pierre. Valérie qui a trouvé cette pièce était dans son atelier d'improvisation. Elle cherchait quelqu'un avec qui elle jouerait et monterait cette œuvre et moi j'étais en recherche d'un nouveau projet. On a commencé à travailler là-dessus puis le fils de Valérie nous a rejoints et a fait une superbe création musicale. Ça a donné encore plus de contenance à ce projet et j'espère qu'avec notre énergie puis la musique qui nous accompagne, cela donne un peu de volume à notre travail.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’y participer ?

J'ai accepté parce que ça avait l'air intéressant à monter, puis c'était un projet en intimité puisque nous ne sommes que deux. J'aime beaucoup les dystopies de façon générale mais il n'y en a pas énormément au théâtre !

Tu as déjà joué dans des pièces, mais en quoi celle-ci est différente des précédentes à tes yeux ?

J'ai surtout fait des ateliers de théâtre, des projets de groupe collectif qui sont très sympas à monter et à jouer même si ce n'est qu'une fois, c'est toujours un moment de partage. Je n'ai eu que des bonnes expériences ! Sinon, j'ai participé au projet "Votre Maman" où je jouais la maman de Clément Ménager. C'était la première pièce que j'ai faite en dehors d'un atelier et qui était déjà dans ce contexte un peu intime qui parlait plutôt du passé même si celui-ci est toujours un vrai questionnement sur l'avenir. L'écriture de Jean-Claude Grumberg est superbe et poignante. La Nostalgie des Blattes est très différente parce que c'est du théâtre de banc et qu'il faut arriver à donner de l'énergie assise sur une chaise pendant une heure ! C'est un challenge qui est intéressant aussi : comment, avec juste un dialogue de femmes, on arrive à dynamiser la pièce ? Il n'y a pas d'entrées ni de sorties, tout se fait vraiment d'une seule traite. C'était aussi une difficulté qui était intéressante à affronter.

Pour conclure, quel plaisir as-tu pris à participer à ce projet ?

J'étais contente de m'investir à long terme. C'est la différence avec ce que l’on fait en atelier : on peut s'engager plus longtemps et à notre rythme. Puis la rencontre avec Valérie et François a été agréable aussi ! C'était le plaisir de les retrouver. Après, j’ai aimé jouer un genre théâtral nouveau. Essayer un peu de creuser ce personnage qui est assez éloigné de ceux que j'ai pu jouer et de moi-même. Aller chercher un nouveau personnage, c'est ça aussi qui faisait partie de mon plaisir de jouer.
Voilà : ce sont les rencontres et le personnage à creuser qui m'ont plu !

Propos recueillis par Lisa Marciniak